Peut-on mourir d'un oedème cérébral et avoir auparavant souffert de plusieurs fractures, à l'âge de 58 jours, sans que personne, ni les deux parents qui se jettent le crime à la figure, ni leurs familles, ni les différents médecins consultés, n'ait rien remarqué? Ce fut le sort de Lubin, décédé le 5 décembre 1994 à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), après trois jours de coma. Et, sept ans plus tard, malgré des dizaines d'interrogatoires, deux procès d'assises et des myriades d'experts, les questions semblent plus nébuleuses encore: pourquoi n'a-t-on rien vu? Et surtout: qui a mortellement battu Lubin? Son père, Jérôme Duchemin, acquitté l'an dernier par le jury de Nanterre? Ou sa mère, Magali Guillemot, condamnée alors à quinze ans de réclusion et qui, depuis lundi, comparaît en appel devant les magistrats et jurés parisiens?
Difficile à apprécier. Si le verdict innocentant le premier est définitif, le sort de la seconde tient à un fil: arrivera-t-elle à convaincre de son amour pour son fils? Hier, plaidait en sa faveur le rappel des consultations médicales (six en tout) effectuées avec Lubin. En effet: une coupable n'aurait pas entrepris de telles démarches, disent en substance ses avocats, Paul Lombard et Nathalie Senyk. Qui ajoutent: si ces professionnels n'ont rien noté, comment aurait-elle pu s'apercevoir des sévices infligés à son fils? A cet âge-là, les fractures se consolident vite; de surcroît, les «chocs violents» subis par Lubin ne s'accompagnaient pas d'