Menu
Libération

Rue du crack, Paris la Chapelle.

Article réservé aux abonnés
Le tour du quartier avec la seule équipe au contact des toxicomanes.
publié le 15 novembre 2001 à 1h37

Une jeune femme arpente la rue Caillié (Paris XVIIIe). Ses yeux fixent l'asphalte jonché de détritus à la recherche d'un morceau de crack. Lundi 4 novembre, 16 heures. Avec son tailleur beige et sa coupe au carré, cette brunette ressemblerait à une assistante de direction particulièrement énergique. N'était son regard aux abois, ses ongles jaunis et son index noirci par la fumée. Un peu plus loin, trois trentenaires assis par terre coupent une galette de crack au cutter. Dans leurs mains, un petit doseur à alcool en verre leur sert de pipe. Chauffé, ce mélange de cocaïne, de bicarbonate de soude et d'ammoniaque «craque». D'où le nom. Avec la Guyane, Fort-de-France, et un îlot de Marseille, le secteur de la Chapelle, à cheval sur les XVIIIe et XIXe arrondissements de Paris, est l'une des scènes ouverte de cette drogue en France. Ici, le crack, on le fume dans la rue.

Bobo: «Ils m'ont libéré à midi»

Sur le même trottoir, Bobo (1), un grand monsieur, «fait le ménage» chez lui. Armé d'un balai jaune, il nettoie avec frénésie l'intérieur d'une carcasse de Renault 21 GTS grise. Matelas et couvertures sont posés sur le coffre. «Avec toute cette poussière. Y'a de quoi choper des maladies là-dedans!», déclare-t-il à Clémence et Sully, 25 et 27 ans, de l'association Coordination toxicomanie XVIIIe. Elle est psychologue, lui, jeune Haïtien du quartier. Depuis plus d'un an, ils sont médiateurs dans le quartier de la Chapelle «entre les rails de la gare du Nord et ceux de la gare de l'Est»