La salle est petite, bruisse de soupirs et de raclements de chaises, les gens se pressent, assis et même debout, à l'affût du regard, du mot ou de l'aveu qui changera tout. Qui emportera l'absolue conviction. Magali Guillemot: coupable ou innocente? Mais vendredi soir, devant la cour d'assises d'appel de Paris, chacun sait déjà que cette vérité-là, absolue, n'émergera jamais. Ou beaucoup plus tard.
Sur le banc, l'accusée semble minuscule, yeux dans le vague et visage de cire. «Regardez-moi», lui lance l'avocat général Philippe Bilger à l'issue de son réquisitoire. «Quand vous serez loin du bruit, loin de votre famille, dégagée de cette surenchère, quand vous serez face à vous-même, capable de vous dire la vérité, je suis sûr que vous offrirez à tous ceux qui l'attendent les mots de votre libération.» Brouhaha. Dans le public, les parents de Magali Guillemot ravalent rage et sanglots. «Dix ans de réclusion criminelle», la peine que Philippe Bilger suggère aux quatre femmes et huit hommes du jury est pourtant teintée de «mansuétude»: «J'ai la certitude que Magali Guillemot est coupable; je ne suis pas loin de penser qu'elle est malade.»
«Cauchemar». Pendant deux heures, l'avocat général vient d'expliquer pourquoi, selon lui, l'ingénieure de 34 ans est l'unique responsable des coups ayant entraîné la mort de son fils Lubin, 56 jours, en décembre 1994. Elle la mère, et non pas le père de Lubin, Jérôme Duchemin, 33 ans. Un Duchemin coaccusé puis acquitté l'an dernier par la cour d'