Exercice d'équilibrisme. Bernard Kouchner, ministre de la Santé, n'était pas ravi, hier, de présenter certaines des conclusions du premier rapport d'expertise de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur les effets du cannabis. En particulier, celle-ci : «Une consommation chronique de cannabis pourrait augmenter le risque de certains cancers» (Libération d'hier).
Ce n'est pas le principe actif du cannabis lui-même qui est cancérigène, a assuré le ministre en substance, ce sont les goudrons contenus dans la fumée. Vu le nombre de joints fumés, l'impact sanitaire chez les jeunes est minime comparé à leur tabagisme, a-t-il ajouté. Tout en reconnaissant que «la majorité des gens qui se roulent des joints le font avec du tabac. Est-ce qu'on va leur dire : débrouillez-vous pour absorber du cannabis sans tabac ? Non, c'est compliqué». De même qu'il est compliqué pour le ministre de défendre une politique de prévention qui insiste sur le fait que les pratiques sont plus importantes que la dangerosité même du produit psychoactif. Tout en minimisant ces pratiques lorsqu'elles pourraient entraîner des risques sanitaires, comme c'est peut-être le cas de la fumette de shit qui se banalise à grande vitesse chez les adolescents. «Je vais encore passer pour un toxicomane à l'Assemblée nationale, je m'y suis fait...», prédisait hier Bernard Kouchner.
Protocoles d'essais. «On veut dire la vérité aux jeunes, ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas», a pour sa part es