Quatre enfants sur dix, soit 300 000, naissent chaque année hors mariage. 92 % d'entre eux sont reconnus par leur père. Il y a trente ans, ils n'étaient que 50 000 (6 % du total des naissances) et 25 % n'étaient reconnus par aucun homme. Aujourd'hui, parents mariés et concubins se ressemblent de plus en plus mais, parmi ces derniers, la pratique de la reconnaissance est socialement marquée. Les reconnaissances prénatales, qui concernent 45 % des naissances, sont surtout l'apanage des catégories sociales favorisées, et l'absence totale de filiation paternelle (20 000 par an) celle de milieux précaires (1).
Dans les catégories supérieures, les pères reconnaissent massivement leurs enfants avant l'accouchement, con jointement avec la mère, et de plus en plus tôt, vers le cinquième mois de grossesse: ils les dotent ainsi dès la naissance d'une filiation à l'égard des deux parents, comme les enfants nés dans le mariage. Le facteur déterminant, selon les chercheurs, est le statut de la mère: 57 % des enfants de mère exerçant une profession intermédiaire ou supérieure avaient un père légal avant leur naissance, contre moins d'un quart pour les mères sans profession. «Doit-on y voir le signe d'un attachement plus fort à une certaine forme de légitimité?», s'interrogent les démographes Fransisco Munoz-Perez et France Prioux.
Pour le ministère de la Famille, cette différence s'explique plus sûrement par un déficit d'informations juridiques et civiques. Beaucoup de pères naturels ignoren