C'est un acte de reconnaissance des plus alambiqué. Mohamed Garne, né du viol de sa mère par des soldats français pendant la guerre d'Algérie, est bien une victime de guerre. Par un arrêt rendu hier, trois magistrats honoraires de la cour régionale d'appel des pensions de Paris lui ont accordé ce statut et une pension provisoire. En trois minutes, le président Talbert expédie la lecture des motifs : «L'arrêt entérine, mais pour partie seulement, le rapport de l'expert, le professeur Louis Crocq. Fixe à compter du 25 novembre 1998, date de la demande, et pour une durée de trois ans, au taux de 30 %, la pension d'invalidité à laquelle a droit Mohamed Garne.» De l'argumentaire de l'expert, les magistrats se disent «disposés à prendre en considération» un seul élément : les coups infligés à sa mère durant la grossesse. Ces mauvais traitements, destinés à la faire avorter, ont pu causer une souffrance foetale à l'origine des troubles psychiques dont Garne se plaint aujourd'hui. En revanche, ils rejettent tant le viol lui-même et sa révélation tardive que la séparation brutale de la mère et du bébé comme causes de ses infirmités. L'Etat français reconnaît des violences, pas la paternité.
«Combat». «On a gagné ?» Encore assis, le jeune homme se tourne vers son avocat, au moment où le président ordonne une suspension de séance. Une fois dehors, Mohamed Garne considère que oui, «c'est quand même une victoire». «Je suis content d'être reconnu comme une victime de la guerre d'Algérie. P