«C'est un peu le mystère de la chambre jaune», a lâché Bernard Kouchner hier soir au cours d'une conférence de presse convoquée à la hâte. Avant d'ajouter, mi-perplexe, mi-rassuré: «Comment a-t-on pu trouver autant de spores de charbon? On est enclin à penser à une contamination de laboratoire plutôt qu'à un acte criminel. Mais bon... On n'aura pas la réponse avant deux ou trois semaines.»
Reprenons. Car l'histoire est compliquée, mystérieuse, et à rebondissements surtout. Dans un collège de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), cinq enveloppes sont déposées le 8 novembre. Elles sont bizarres, un peu lourdes. Deux enseignants les touchent, puis en ouvrent une. Ils y voient un peu de farine, referment le tout et les déposent dans un sac poubelle. Fin du premier épisode: les deux enseignants sont aussitôt mis sous traitement antibiotique préventif, et les enveloppes envoyées pour analyse.
Et depuis, rien n'est simple. Explications: «A partir de la farine contenue dans la première enveloppe et de ce qui restait au fond du sac, raconte Bernard Kouchner, il a été noté une présence très, très faible de spores de charbon: moins de 5 par gramme. Une présence que l'on pouvait considérer comme naturelle. Et que nous avons rendue publique lundi dernier.» Le ministre ajoute: «Pour confirmation, d'autres échantillons de la farine ont été envoyés dans deux autres laboratoires.»
C'est là que tout bascule. Les résultats sont aux antipodes: on trouve dans l'une des analyses plus d'un million de spore