Grenoble envoyé spécial
Près de 300 femmes de gendarmes manifestaient, samedi après-midi à Grenoble (Isère), autour de la place de Verdun à l'appel de l'Association nationale des familles de gendarmes (ANFG). Comme un manège autour du vaste quadrilatère hérissé d'un bosquet d'arbres. Il y a les ritournelles que l'on entonne pour se réchauffer sous les fenêtres de la préfecture: «Richard, t'es foutu, les gendarmes sont dans la rue»; «Gendarme "marche ou crève", ça suffit.» Avant de laisser passer le tramway où des mains saluent, un coup de sifflet emprunté au mari et le cortège repart.
Grogne sourde. Séverine est venue pour mettre en paroles ce que son jeune époux n'a pas le droit de dire en raison de son statut de militaire. Ni grève, ni manifestation dans les brigades. Mais une grogne sourde, persistante comme la gendarmerie n'en a pas connu depuis le grand mouvement de contestation de 1989. «Nous sommes là pour réclamer plus de moyens et d'effectifs pour nos maris», dit Séverine. Comme d'autres manifestantes, elle s'est appropriée les doléances du gendarme: «Comment voulez-vous poursuivre une BMW avec un Trafic Diesel?» Ou encore: «On subit la délinquance périurbaine. Les brigades ne sont pas organisées pour répondre à l'évolution des violences.»
Un rapide calcul a été griffonné sur une pancarte, censé reproduire la charge de travail d'un sous-officier: «65 heures par semaine = 260 heures par mois; 9 000 F par mois = 34 F par heure.» Une manifestante coiffée d'un vieux képi c