Tribunal correctionnel
de Versailles
Il se fait tard: «Compte tenu du nombre d'affaires qu'il reste à juger, le tribunal ordonne des renvois», décide le président. Une avocate s'énerve: «J'attends depuis 14 heures et mon client aussi, j'aurais préféré le savoir avant!» Le président a un geste d'impuissance: «Il s'agit de la qualité de la justice, le tribunal ne peut juger indéfiniment!» La porte du box s'ouvre sur Ahmed, Mokhtar et Oman. Ils ont une vingtaine d'années et ont été arrêtés après une mini-émeute de cité. Appelés pour des dégâts commis dans un hall d'immeuble, les policiers avaient interpellé un jeune, Slim, et une quinzaine d'autres s'était interposée. «Certains avaient des bâtons, lit le juge, et criaient "sur le Coran, je vais te tuer" ou "on va vous niquer, surtout l'Arabe" en désignant un adjoint de sécurité maghrébin.» Mokhtar dit: «J'étais là, mais j'ai rien fait de mal.» Oman reprend: «Je regrette tout, j'aurais pas dû aller là où y'avait le bruit.» Et Ahmed ajoute: «J'ai seulement dit aux policiers d'arrêter de frapper Slim!» Mokhtar travaille en intérim. «Il fait preuve de dynamisme dans sa recherche d'emploi», a noté l'enquêteur de personnalité. Mais le juge relève: «Eh! Vous avez déjà six condamnations depuis mai 2000, vous n'êtes pas très bien parti monsieur!» Ahmed travaille sur les marchés avec son père et le procureur se dresse: «Monsieur, que s'est-il passé en octobre dernier? Mmm... Je vois un sursis pour vol aggravé!» Ahmed lance: «J'étais mineur