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Libération

Affaire Destrade: le scellé 344, un faux qui brouille les faits

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Un proche de Jospin porte plainte et l'enquête reprend.
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publié le 30 novembre 2001 à 1h46

Il s'agit indubitablement d'un «faux document», mais qui, de l'aveu du SRPJ de Bordeaux, contient un «faisceau d'éléments qui peuvent laisser croire à sa réalité». Une lettre ­ désormais nommée «scellé 344» dans l'affaire Destrade ­ réputée avoir été rédigée le 27 novembre 1992 par un haut responsable du groupe Auchan, à l'attention de Gilbert Baumet, ministre du Commerce du gouvernement Bérégovoy, concernant un projet de supermarché à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône): «Nous avons demandé à Richard Moatti, un ami personnel et proche conseiller de Lionel Jospin, de porter nos intérêts dans cette affaire [...]. M. Moatti prendra prochainement contact avec vos services et je sollicite de votre part la faveur d'un rendez-vous auquel je me rendrai avec l'intéressé.»

Discrédit. Vérifications faites, les enquêteurs chargés de l'affaire Destrade, du nom d'un ancien dirigeant socialiste qui accuse le PS d'avoir été financé illégalement par les hypermarchés, avaient préféré laisser cette lettre de côté. Sage précaution. Mais Richard Moatti, homme d'affaires, mis en cause dans ce vrai-faux document qui sent le coup tordu, a au contraire décidé d'en faire grand cas. C'est de bonne guerre: lui-même mis en examen pour trafic d'influence, au motif qu'il était à la fois membre de la commission des finances du PS et rémunéré (25 000 francs mensuels) par Carrefour, et qu'il avait la fâcheuse tendance de prospérer à travers de mystérieuses sociétés off-shore, Moatti trouve là le moyen de discréd