Paula a 51 ans. Il y a quelques semaines, dans le métro parisien, deux gamins l'ont traitée de «connasse» et tenté de lui arracher l'étoile de David qu'elle portait au cou. Depuis, elle prend soin de dissimuler sa chaîne. Luc a 16 ans. Deux fois, en décembre, à Bagnolet, il a été insulté: «Juif, tu es mort.» Aujourd'hui, il a remplacé la kippa par une casquette de base-ball. Julia a 13 ans. Nom de famille français, mère juive. Une copine de collège, dans la banlieue sud de Paris, lui a conseillé, «pour éviter les problèmes», de profiter du hasard de naissance de son père, le Maroc, pour dire aux autres qu'elle était marocaine. Tony a 60 ans. Un proche a dit qu'il était complètement fou de lire Tribune juive attablé dans un café. Tony en convient. Il lira son journal à la maison. Pour lui, pour les autres, c'est à l'automne 2000 que «ça a recommencé». En septembre, cette année-là, la jeunesse palestinienne reprend le chemin des pierres. C'est le soulèvement «al-Aqsa», la deuxième Intifada. Le 9, à Paris, six personnes tentent de profaner le Mémorial du martyr juif inconnu. Le 18, la synagogue de Ris-Orangis est saccagée. C'est «ça», qui a recommencé.
Agressions, insultes, menaces. «On a eu un temps de réaction avant de comprendre ce qui se passait.» Patrick Klugman est président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). D'un peu partout, dans les universités, les mêmes alarmes lui remontent. Des étudiants juifs verbalement agressés, des insultes tracées sur les murs du