«Un an de prison ferme contre Bonnet, ça me paraît juste.» C'est Yves Féraud, «propriétaire» de la paillote Chez Francis, qui le dit. L'ancien préfet de Corse a été condamné hier à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et à trois ans d'interdiction des droits civiques et civils. Reconnu coupable d'avoir «donné l'ordre d'incendier clandestinement des paillotes construites illégalement sur le domaine public maritime» par le tribunal correctionnel d'Ajaccio.
Le principal prévenu du procès qui s'est tenu du 19 novembre au 7 décembre derniers a toujours nié avoir donné cet ordre, s'estimant victime d'une «manipulation» orchestrée par le cabinet du Premier ministre, Lionel Jospin. L'audience a mis en évidence la fragilité de cette défense. Durant trois semaines, les éléments tendant à impliquer Bernard Bonnet se sont accumulés et le «complot» qu'il promettait de mettre au jour est resté aussi flou que ses explications. Pour autant, aucune preuve formelle de l'existence d'un ordre du préfet de détruire par le feu les restaurants de plage Aria Marina et Chez Francis n'a pu être relevée. Est-ce pour cela que le tribunal est resté très en deçà des réquisitions du parquet qui avait réclamé trois ans de prison ferme?
Pouvoirs exceptionnels. Les juges n'en ont pas moins estimé que l'ancien préfet, nommé au lendemain de l'assassinat du préfet Claude Erignac, avait «mis en péril la politique de rétablissement de l'Etat de droit et discrédité l'action de l'Etat». Circonstance aggravante