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Libération

«Je sais même pas, je me rappelle que vaguement!»

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publié le 14 janvier 2002 à 21h40

Tribunal correctionnel de Paris

Cheveux noirs, regard fixe, Haïda se lève dans le box. Elle a dérobé trois tableaux chez sa vieille voisine hospitalisée pour dépression: «Vous le saviez, vous la connaissiez bien», remarque le président. Haïda acquiesce: «Nous prenions souvent le café ensemble, elle est abandonnée par sa fille.» La fille en tout cas a remarqué le vol, a porté plainte. Et, dans l'immeuble chic, la vidéosurveillance a montré la silhouette d'Haïda transportant un gros paquet. «Il y a eu une perquisition et les toiles désencadrées ont été retrouvées chez vous, poursuit le juge, vous avez reconnu ce vol commis dans le but d'une revente en raison de vos dettes. C'est logique, d'ailleurs, sinon, votre acte relèverait d'un fétichisme qui ne manquerait pas d'étonner le tribunal.» Haïda soupire: «Quand elle s'est cassé les côtes, sa famille l'a laissée, c'est moi qui ai dormi près d'elle!» Le président, un homme très civil, l'arrête: «Madame, les rapports entre la victime et sa fille ne font pas l'objet de la procédure.» Haïda a demandé un délai pour préparer sa défense et le tribunal doit décider si elle reste en liberté en attendant le jugement. Le président lit: «Vous êtes divorcée, vous avez deux enfants, de 13 et 15 ans, vous vivez du RMI et d'une pension alimentaire, votre casier ne porte aucune condamnation.» La procureure voulait réclamer la détention provisoire: «Mais j'apprends, dit-elle, qu'elle a deux enfants à charge et je laisse le tribunal apprécier.» L'a