Lorsqu'il a disséqué dans son livre Matignon, rive gauche les limites de la cohabitation, Olivier Schrameck, directeur de cabinet de Lionel Jospin, pensait-il à la pénible odyssée du projet de révision des lois sur la bioéthique? Car voilà l'exemple parfait d'un texte qui aura pris de plein fouet les humeurs de la cohabitation. Pour finir au point mort, n'ayant droit qu'à une première lecture à l'Assemblée, sans aucune chance d'être adopté définitivement.
Tout commence par une obligation. En votant en 1994 les lois sur la bioéthique, le législateur avait demandé qu'au bout de cinq ans le Parlement soit de nouveau saisi pour adapter le texte à l'évolution des connaissances. Bonne idée, car entre-temps il y a eu la naissance de la brebis clonée Dolly en juillet 1996, le décryptage complet du génome humain, mais aussi les travaux prometteurs sur les cellules souches qui permettent d'envisager la médecine de demain, dite régénératrice. Très logiquement, en 1998, le député socialiste Alain Claeys est chargé par l'Assemblée nationale d'un rapport sur cette révision.
Commence alors une série de longues consultations, entrecoupée de déclarations, souvent con tradictoires, des plus hautes autorités politiques de l'Etat. Le Conseil d'Etat, le Comité national consultatif d'éthique, mais aussi la Commission des droits de l'homme sont saisis: l'Académie de médecine également, sans oublier le groupe d'experts de l'Union européenne. Le rapport parlementaire d'Alain Claeys complète l'ensemble