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Méconnaissance ou négligence ?

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publié le 17 janvier 2002 à 21h42

Que savait-on dans les années 60 des risques liés à la radioactivité ? Le caractère dérisoire de certaines mesures de protection lors des essais nucléaires est-il dû à l'ignorance ou à une certaine légèreté ? Les effets aigus des rayonnements ionisants ont été connus presque en même temps que la radioactivité. Les pionniers Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie avaient constaté des brûlures de la peau dès 1904. Marie Curie décédera d'une leucémie. Très vite, des interrogations surgissent sur la modification de la formule sanguine. Et une Commission internationale de protection contre les radiations voit le jour dès 1928. Les questions sur les effets liés à des doses plus faibles sont apparues plus tard, notamment après les pathologies apparues chez les survivants des deux bombes américaines de Hiroshima et de Nagasaki. «D'après les contacts que j'ai eus avec les "anciens", j'ai le sentiment que l'idée prédominante dans les années 60 considérait encore les cancers comme une complication à la suite d'une forte exposition», analyse Jean-Luc Pasquier, directeur scientifique de l'Office de protection contre les rayonnements ionisants. Autrement dit, pas de trace apparente de brûlure, pas de suspicion de cancer. «Les connaissances n'étaient pas traduites en termes de radioprotection», souligne le scientifique qui rappelle que jusqu'à très récemment les expérimentateurs avaient encore l'habitude de prélever des liquides radioactifs ou toxiques par aspiration dans une pipette. «On