Dreux envoyée spéciale
Samedi soir, les musulmans recevaient les juifs, dans un château de Dreux. Les chars à Ramallah, une salle de classe d'une école juive qui brûle en banlieue parisienne, les tribunes enfiévrées dans les journaux: les invités étaient là pour s'en parler. Dire les rancoeurs et les blessures qui les habitent. Patrick Klugman et Paul Bernard, de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), et Murielle Schor, du consistoire de Paris, étaient les invités d'Unir (1). A tâtons, avec une cinquantaine de musulmans, ils sont partis à la recherche d'un terrain d'entente, d'un espace de dialogue. Malgré les chars, l'incendie à l'école et les tribunes. Ils n'ont pas tourné longtemps autour du pot. Dépassant un intitulé consensuel: «Juifs et musulmans, comment mieux vivre ensemble?», tous ont parlé d'emblée de l'«antisémitisme». Les organisateurs musulmans entendaient aborder la question de front: «Il y a un risque de stigmatisation. Notre communauté est pointée du doigt. On nous fait tous passer pour des antisémites.» Il faut absolument parler, estiment-ils. Se démarquer des «voyous». «Quels que soient les chiffres des actes antisémites, je sens un malaise dans la communauté juive, Je me dis qu'il y a un problème», complète Kamel Benamra, d'Unir.
«Microscopique». «Un certain nombre d'agressions antisémites viennent de jeunes d'origine arabe», dit Patrick Klugman. «C'est microscopique par rapport à la communauté arabo-musulmane en France, nuance-t-il. Mais l'antisémiti