Tribunal correctionnel de Créteil
L'air furieux, Camille et Patrice, le père et le fils, s'approchent de la barre. Chic, dans leur manteau poil de chameau. C'est Evelyne, ex-belle-fille et ex-épouse, qui les poursuit. Au moment de son divorce, elle possédait des actions de la société familiale. Elle n'a plus jamais entendu parler ni de la société ni des dividendes versés. «Toute une famille s'est liguée contre ma cliente. On a vidé l'actif de la société mère, rachetée par un holding! C'est un abus de confiance typique», clame son avocat. Il réclame 371 000 francs: «Mieux vaudrait convertir en euros, dit-il, mais je n'ai pas de convertisseur.» Camille se lève en hurlant: «S'il vous plaît, je veux parler!» «Non!», crie son avocate. «Et pourquoi?», grogne-t-il. «Parce que la procédure est ainsi, intervient la présidente, votre avocate a la parole!» L'avocate plaide. La procureure n'a «rien à dire de ce litige privé». Décision dans trois semaines.
Tout sourire, Denis s'avance. Il a présenté aux policiers qui le contrôlaient au volant d'une voiture une attestation d'assurance qui «était un faux grossier», dit la juge. Denis a été condamné plusieurs fois pour vols, escroqueries et contrefaçons de chèques: «C'est vrai, j'ai fait pas mal de bêtises. C'était il y a dix ans! Je travaille, je me suis repris.» Trois mois avec sursis, 600 euros d'amende.
Pull et cheveux gris, chemise rose, Philippe est comptable. Il a détourné pour 700 000 francs de chèques chez son employeur précédent. «Vo