Strasbourg de notre correspondante
Sur le grillage qui protège la clairière, des anonymes ont accroché des dizaines de croix de fortune, fabriquées d'une main malhabile avec des branches de mélèze prélevées à même la forêt. Trois sobres statues de granit, signées de la sculptrice Annie Greiner, veillent désormais à la sérénité des lieux. Ici, sur la crête de colline de la Bloss, à quelques centaines de mètres du couvent du Mont-Sainte-Odile, s'écrasait le 20 janvier 1992 un Airbus A320 d'Air Inter assurant le vol IT 51498 Lyon-Strasbourg, disparu des écrans-radars à 19 h 20. Le crash fera 87 victimes, 82 passagers et 5 membres d'équipage, et 9 blessés. Les secours mettront plus de quatre heures à arriver sur place, largement devancés par des habitants de la région et une équipe de journalistes.
«Faute lourde». Dix ans et une dizaine d'expertises plus tard, l'instruction n'est toujours pas close, et l'association des familles des victimes Echo (Entraide de la catastrophe des hauteurs de Sainte-Odile), fondée par le dessinateur Tomi Ungerer, dont la soeur est décédée dans l'accident, n'en finit pas de s'interroger: pourquoi ce crash? Pourquoi l'avion avait-il dévié de 2,4 kilomètres de la trajectoire établie? Pourquoi cet angle de descente excessif conduisant l'Airbus à s'écraser sur les hauteurs de la Bloss, à 700 mètres d'altitude? Et aussi: le nombre de victimes n'aurait-il pas été moins élevé si les secours étaient arrivés plus vite?
Samedi, sur les marches du palais de justi