Ils y sont tous allés. Tous pour adresser à Lionel Jospin, à Marylise Lebranchu ou à la Commission des lois de l'Assemblée nationale leurs critiques et observations sur la réforme de la loi «présomption d'innocence». Ce ne sont pas des gauchistes. Il y a les plus hauts magistrats de France. L'actuel président de la Cour de cassation, Guy Canivet et l'ancien, Pierre Truche. Et la Conférence des procureurs généraux. Et aussi la Commission consultative des droits de l'homme. Et quelques députés. Et quelques autres juristes dans les allées du pouvoir. Et même l'Union syndicale des magistrats dont des membres avaient pourtant défilé contre cette loi avec les policiers. Et sous l'apparent respect des missives ou des observations orales pointe l'ironie de juristes patentés à l'adresse de ceux qui, «rédacteurs de la proposition de loi», n'ont «sans doute pas perçu toutes les conséquences» qu'elle aurait sur la procédure, dit la lettre des procureurs généraux. En bref que certaines dispositions issues du rapport de Julien Dray, député PS de l'Essonne ne tiennent pas debout. Et leurs arguments ont finalement ébranlé le Premier ministre.
Urgence. Dans un premier temps, tout occupé à faire inscrire cette réforme dans l'urgence, à l'approche des élections, au programme de l'Assemblée, Jospin ne se serait pas rendu compte des implications du texte. Il serait aujourd'hui d'accord pour revenir sur la principale mesure mise en cause. Celle qui donne aux policiers un délai de trois heures