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Libération
Interview

«Trop tard pour règler la crise de la santé»

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publié le 22 janvier 2002 à 21h45

Jean de Kervasdoué, ancien directeur des hôpitaux, enseigne l'économie de la santé au Conservatoire national des arts et métiers. Il commente ici la crise du système de santé.

Comment voyez-vous la négociation, aujourd'hui, entre l'assurance maladie et les généralistes?

C'est d'abord l'histoire d'une occasion manquée. Que faire? Il faut malheureusement ­ ou heureusement ­ dire aux médecins qu'ils ont été entendus. Cela est plus difficile qu'il n'y paraît car les médecins n'attendent plus des déclarations d'amour, mais des preuves tangibles de considération. Augmenter à court terme les honoraires est nécessaire. Mais insuffisant: tout le reste est impossible à négocier en quelques semaines, voire en quelques mois. Les décisions qui vont être prises aujourd'hui, comme celles d'hier, sont des chèques tirés sur l'avenir. Ce n'est pas le gouvernement qui paye, c'est nous: les seuls «dérapages» des années 2000 à 2002 représentent déjà 1 000 francs (152 euros, ndlr) par Français.

Mais qu'aurait-il fallu faire?

En tout cas, ne pas faire le naïf. En 1997, le gouvernement était en situation très favorable pour traiter de la question de la médecine libérale. Le corps médical estimait alors avoir été trahi par Jacques Chirac. La CFDT, le patronat et les autres composantes de la nouvelle majorité à la CNAMTS étaient disposés à accompagner les nécessaires évolutions du système et même, si nécessaire, à prendre des mesures impopulaires. Or, faute de temps, peut-être aussi de véritable intérêt,