Nantes correspondance
La marée noire de l'Erika s'est répandue au moins autant sur l'Internet que sur les côtes. Le réseau a immédiatement diffusé une parole nouvelle, qui a «déstabilisé les autorités et bouleversé l'organisation opérationnelle des plans Polmar». Pour analyser ce discours, André Vitalis, professeur en sciences de l'information et de la communication à Bordeaux, a inventorié 80 sites, soit 2 200 pages web, créés à l'occasion. Et en a présenté la dissection lors d'un colloque qui s'est ouvert à Nantes ,mercredi, et se termine aujourd'hui sur «les évaluations des suites du naufrage de l'Erika».
Premier exemple: alors que les représentants de l'Etat affirmaient qu'il était impossible d'anticiper le déplacement des nappes de pétrole, une géomaticienne (géographe utilisant l'informatique), Hélène Durand, diffuse sur le Web des cartes évolutives de la dérive des nappes, prouesse qui lui valut un prix. Autre exemple: une polémique lancée par le laboratoire indépendant Analytika a prospéré pendant des mois grâce au Net. Ce laboratoire affirmait que les échantillons qu'il avait recueillis révélaient un produit beaucoup plus toxique que le «fioul n°2» officiellement transporté. Relayée par les collectifs antimarée noire et les médias, «cette information prit totalement les pouvoirs publics au dépourvu et suscita un véritable vent de panique chez les experts». Soupçonnés de masquer une vérité gênante, les pouvoirs publics ont alors dû multiplier des expertises qui