«Je suis là car, à 58 ans, je commence à m'éveiller.» Mariée de force à 14 ans par un père qui redoutait qu'elle prenne le maquis pendant la guerre d'Algérie, Malika est venue témoigner de la difficulté d'être femme, mère et immigrée dans les quartiers. «Il est dur d'apprendre aux enfants ce que l'on ne connaît pas soi-même. Quand je demandais à mes fils de m'aider, mon mari me reprochait de vouloir en faire des filles.» Médiatrice en banlieue, Malika est l'une des 250 femmes venues de toute la France participer aux premiers «états généraux des femmes des quartiers» ce week-end à la Sorbonne. Le lieu a vu les premières revendications féministes il y a trente ans. Il accueille aujourd'hui la même tentative, menée par ces femmes issues de l'immigration. Mais une tentative autrement plus ardue: le combat de ces femmes-là les oppose, entre autres, à l'excision ou aux mariages forcés.
Présidentielle. La plupart des femmes qui sont venues pour ces deux jours militent dans des associations de médiation, action culturelle, alphabétisation. En bonnes militantes, elles ont choisi leur moment. «Nous voulons ouvrir les yeux des candidats à l'élection présidentielle sur nos conditions de vie pitoyables, explique Fadella Amara, présidente de la Fédération nationale de la Maison des potes, et initiatrice du mouvement. Nous exigeons une politique qui brise les ghettos et mette en place des dispositifs spécifiques aux femmes.» Car les femmes sont les grandes oubliées des pouvoirs publics quan