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Libération

Harcèlement sexuel, la fac se rebelle

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Une pétition circule dans les universités contre l'omerta.
publié le 28 janvier 2002 à 21h50

S'il y a un milieu professionnel épargné par le harcèlement sexuel, c'est bien l'université. La preuve: aucun procès, et jusqu'à présent aucune plainte répertoriée par les associations de soutien aux victimes. Contrairement aux Etats-Unis ou au Canada, dont les principales universités sont dotées d'un «bureau d'intervention en harcèlement sexuel», et de règlements régissant les relations entre professeurs et étudiants, il y aurait en France «une harmonie entre les sexes» qui protégerait et du puritanisme, et des abus de pouvoir.

La pétition «contre le harcèlement sexuel dans l'enseignement supérieur» que vient de lancer un groupe de doctorants (étudiants en thèse) fait donc l'effet d'un pavé dans une mer de silences (1). En quelques jours, elle a recueilli plusieurs centaines de signatures. «Connaissant l'ampleur du problème mais aussi l'ampleur du déni, nous avons été surpris du large soutien de la communauté des professeurs et des chercheurs, parmi les plus éminents», disent les instigateurs de la pétition.

Se taire. Tous et toutes s'inclinent devant la témérité de ces jeunes gens, filles mais aussi garçons, qui prennent le risque de se voir fermer les portes d'institutions où l'on entre par cooptation ou recommandation. «Je les trouve très courageux de rompre l'omerta, les soutient Janine Mossuz Lavau, sociologue, directrice de recherche (CNRS-Sciences-Po), signataire. J'ai eu à connaître trois cas précis, et on ne sait pas quoi faire. Soit se taire, soit un procès au pénal