Douai envoyée spéciale
Chez Anne-Marie et Jacky L., un poêle à charbon réchauffe la maison de village près du presbytère, rez-de-chaussée aux meubles couverts de personnages en porcelaine pastel et de photos de famille sous cadres. Un poisson rouge agonise dans l'eau trouble, une maigre chienne zigzague dans le jardin, des cannettes de bière vides tapissent les coins des marches de l'escalier. A l'étage, un grenier, puis la chambre du couple et, dans une autre pièce, les peluches alignées du petit dernier, fragile enfant de 13 ans qui vit dans un institut. Anne-Marie dit qu'elle s'est mise à boire à la naissance de ce garçon né prématuré. Le dernier d'une lignée de «douze enfants»: «Quatre garçons, quatre filles et quatre pertes», comme dit Anne-Marie en évoquant les bébés qu'elle a perdus en bas âge, auxquels la famille peut désormais ajouter un cinquième. Tué, celui-là.
Cimetière. Océane, baptisée «Nenette» par Anne-Marie, est le second enfant de sa fille Sandrine, 23 ans, et de son gendre Stéphane, 25 ans. Selon le SRPJ de Lille, le nourrisson est mort à l'âge de six semaines, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2001, sous les coups de son père qui trouvait qu'elle pleurait trop fort. Sandrine n'a rien dit, elle a aidé Stéphane à cacher le corps. Toujours selon la police, les parents sont allés le lendemain soir, avec leur aînée, une petite fille de 3 ans, en train, de Douai, où ils habitaient, jusqu'à Busigny, le village d'Anne-Marie, à 40 kilomètres de là, avec le corps d'Oc