«Même si on est grand et fort, à 15 ans on reste un enfant», dit Thierry Baranger, président de l'Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF) qui tenait son assemblée générale ce week-end, à Paris. Accusés d'être laxistes, les juges des enfants sentent monter une tendance qui les affole: on gomme, morceau après morceau, tout ce qui fait la spécificité de la justice des mineurs. Cette juridiction où sanction et éducation s'entremêlent sous la houlette d'un juge qui suit la procédure de bout en bout, de l'instruction à l'application de la peine. Signe d'une banalisation rampante, les magistrats non spécialisés montent en puissance dans ce domaine.
Parquet spécialisé. Ce sont les juges des libertés et de la détention (JLD) qui prennent les décisions d'incarcération, comme pour les majeurs. Dans trois juridictions (Nanterre, Aix et Toulon), il n'existe plus de magistrat du parquet spécialisé: chaque procureur ou substitut s'occupe d'un territoire, pour coller aux contrats locaux de sécurité. A la faveur des réformes du droit de la famille, les juges aux affaires familiales grignotent aussi du terrain: «Au nom d'un ordre public familial, le JAF peut être saisi par le procureur ou même par un tiers, pour interpeller les titulaires de l'autorité parentale sur les conditions dans lesquelles ils exercent cette autorité», relève Alain Vogelweith, ancien juge des enfants et conseiller auprès de la défenseure des enfants.
Pire, estiment les praticiens, on