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Libération

Goudrons: des mégots sans nuance

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Un nuancier révèle les vraies teneurs inhalées.
par Amélie BAUBEAU
publié le 31 janvier 2002 à 21h51

«Impressionner» le fumeur en lui mettant sous le nez la quantité de goudrons qu'il inhale réellement à chaque cigarette. C'est l'objectif du «nuancier goudrons» élaboré par le magazine 60 Millions de consommateurs dans son numéro de février. Le résultat n'est pas spectaculaire : un petit carton à trous, dans lequel on introduit son mégot pour retrouver la couleur s'approchant le plus de celle de la tache du filtre ; ce qui n'est pas si évident... Cet objet, premier du genre, a pourtant le mérite de rappeler que les indications portées par les fabricants sur les paquets (quantité de nicotine et quantité de goudrons) n'ont qu'un vague rapport avec les quantités inhalées.

Distorsion. Lors d'une étude réalisée en 1999, 60 Millions de consommateurs avait ainsi obtenu des teneurs de deux à onze fois plus élevées que celles mentionnées sur les paquets. Et plus les cigarettes se disent «allégées», plus la distorsion est grande. Car tout dépend du comportement du fumeur, qui va diminuer le temps entre chaque bouffée et augmenter leur intensité pour obtenir la quantité de nicotine dont il a besoin. Cela conduit Gérard Dubois, professeur de santé publique à Amiens et président du Comité national contre le tabagisme, à dénoncer une fois de plus l'«instrument marketing» que constituent les cigarettes dites légères. «Fumer des légères plutôt que des normales, c'est comme se faire écraser par un vingt tonnes au lieu d'un quarante tonnes», explique-t-il : on est en présence de produits telle