Le moral des troupes n'est pas bon. «En trente ans de carrière, je n'ai jamais vu cela», soupire un colonel. A l'état-major de l'armée de terre, on reconnaît que le moral est «assez faible» et surtout qu'il a connu «une cassure très nette à la fin de l'année dernière». Le malaise des gendarmes est en train de gagner toutes les casernes, alors que débutent aujourd'hui, à l'Ecole militaire (Paris), deux semaines de «concertation» entre le ministère de la Défense et des représentants des personnels tirés au sort et non élus.
Selon un document militaire confidentiel que Libération s'est procuré, «le moral s'est inscrit en baisse pour toutes les catégories de personnels et peut être qualifié de mauvais». Chaque année, l'armée de terre mesure en effet le «moral» de ses troupes d'une manière scientifique et le note sur une échelle graduée de zéro à dix. De nombreuses unités n'atteignent aujourd'hui que le niveau trois ou cinq, certaines sont encore plus bas...
Concertation. Les discussions de popotes ressemblent de plus en plus à des réunions syndicales. On y entend parler de «belle unanimité catégorielle» ou récriminer sur l'application du TAOPM, le «temps d'activité et d'obligation professionnelles des militaires», c'est-à-dire la RTT version kaki.
La préparation du Conseil de la fonction militaire-Terre (CFMT), qui se réunit à partir de ce matin, a donné lieu à des scènes cocasses. Dans une grande ville de province, la réunion a commencé par un sévère rappel de la hiérarchie au «