Tribunal correctionnel
de Bobigny
Cheveux ras, jogging noir, Makan s'avance vers les juges. Il y a deux mois, il a frappé des vigiles. «Ils vous ont demandé d'arrêter de faire de la trottinette dans le centre commercial, il y a eu une bagarre, des coups et des menaces», lit la présidente. Elle regarde Makan: «Vous ne pouvez pas faire de la trottinette dehors?» Makan jette un oeil autour de lui: «Eh, je les vois pas, là! Dans la cité, ils m'ont dit qu'ils porteraient pas plainte! Ils ont fait des fausses déclarations!» La présidente lève les yeux au ciel: «Vous avez quel âge? 19 ans et âge mental 12?» Makan a déjà été condamné deux fois pour vol. Maintenant, il travaille dans le nettoyage. La procureure assure: «Il est bien connu des policiers, on ne peut lui faire aucune remarque, ça se finit en violence!» 320 euros d'amende.
«Vous vous levez!», ordonne le juge assesseur à Nabil, 23 ans, dans le box pour un cambriolage raté. Prévenus par un voisin, les policiers l'ont arrêté. Il n'y a pas d'avocat, ils sont en grève. «Je veux un délai pour préparer ma défense», décide Nabil en se frottant les yeux. «C'est votre droit, dit le juge, votre casier est vierge, mais le problème, c'est que vous avez trois procédures pour vol en cours! On vous avait laissé en liberté, on vous avait fait confiance, et voilà!» Une petite blonde s'avance: «Il a cassé ma porte! Il a violé notre intimité!» Nabil est sans emploi. «Et dans votre famille, personne ne veut plus vous voir, ils disent que vous êt