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Libération

L'Europe sur la pente sécuritaire

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Le virage est particulièrement net en France, affirment des chercheurs.
publié le 6 février 2002 à 22h01

Dans leur approche des questions de sécurité et de traitement de la délinquance, les pays européens ont progressivement glissé du préventif au sécuritaire au cours de la décennie écoulée. Et la tendance risque de s'accentuer. C'est le constat présenté, hier, par des chercheurs, lors d'un débat patronné par Claude Bartolone, ministre délégué à la Ville (1).

Mis à l'épreuve. Selon Dominique Duprez, sociologue et chercheur au CNRS, le virage est particulièrement net en France, pays qui fut longtemps perçu comme une référence en matière de prévention «sociale» : on y privilégiait la lutte contre les causes de la délinquance, par l'embauche d'éducateurs de rue par exemple. Alors que dans les systèmes de prévention «situationnelle», prisés par la Grande-Bretagne ou la Belgique, on visait surtout à se prémunir contre les effets de la délinquance (par un recours à des vigiles, des systèmes d'alarme, etc.). «L'arrivée de la droite au pouvoir en 1993 a signalé une sorte d'épuisement du modèle français», estime Sophie Body-Gendrot, politologue et professeur à la Sorbonne. A son retour en 1997, la gauche s'est lancée dans les contrats locaux de sécurité : «La police nationale est devenue un acteur majeur de la politique choisie, et la police de proximité est présentée comme un instrument pour rapprocher les institutions des citoyens.»

Avec la hausse du chômage dans les années 90, le modèle républicain d'intégration à la française a aussi été mis à l'épreuve : «L'accueil des étrangers n'es