Quelques juges perdus dans l'immense salle lambrissée de la Cour de cassation, trois fois plus de journalistes et un débat austère, autour d'un point de droit technique mais retentissant: la prescription dans l'affaire des disparues de l'Yonne. Il y a six mois, Emile Louis en bénéficiait, en partie, par la grâce d'un arrêt de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris qui jugeait trop anciens pour être poursuivis certains des crimes reprochés à l'ex-chauffeur. Les familles des sept victimes se pourvoyaient en cassation. Où l'ambiance est tout autre. Où l'avocat général Louis Di Guardia dit d'emblée: «La prescription est d'autant moins tolérée que les crimes bouleversent l'opinion publique.» Il s'interroge «sur le bien-fondé de la décision de la cour d'appel», qu'il conteste en s'appuyant sur deux arguments. Le premier tient à la «connexité». Séparant la notion de crime «continu» (pas prescriptible) de celle de crime «instantané» (commis sur le moment), la cour d'appel avait conclu que les «séquestrations» reprochées à Emile Louis n'étaient pas prescrites alors que les «enlèvements» l'étaient. Incohérent? Di Guardia le pense et propose de prendre en considération «l'ensemble des faits délictueux»: «Pourquoi ne pas admettre, en cas d'infractions connexes, que si l'une n'est pas prescrite, l'autre ne le soit pas d'avantage?»
Lettre. Au cas où cet argument ne porte pas, l'avocat général prend soin d'en développer un second. Plus pointu encore: il n'y a pas trace, dans l