Dans les douches de la prison de la Santé, il ne s'est rien passé ce 8 janvier 2000. Tellement rien que deux détenus prennent leur plume, le surlendemain, pour signaler ce non-événement au directeur de l'établissement qui ne soupçonnait d'ailleurs rien. «Je n'ai rien subi de particulier de la part de Ahmed H.», écrit Brahim. Lequel Ahmed sollicite un entretien «à la suite de ce qui ne s'est pas passé dans les douches». Quelques jours plus tard, Brahim demande à voir un travailleur social, puis le médecin, puis écrit au procureur pour se plaindre d'un viol. Les deux hommes se côtoyaient, hier, à la 30e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Ils y ont déversé une tranche de vie carcérale, avec ses rapports de force, sa misère sexuelle, et ses trafics de substances qui assomment shit, Subutex et autres psychotropes dont les magistrats ne feignent même plus de s'étonner.
Faux nom. Personne ne sait qui est Ahmed, connu de la justice sous quatre identités. Pour des raisons de commodité, la présidente utilise celle qu'il affectionne le plus: Ahmed H., nom d'un natif de Saint-Dié dans les Vosges, décédé en 1999. Le vrai Ahmed a eu «beaucoup d'ennuis, après la perte de ses papiers d'identité en 1994», signale sa soeur à la jus tice. Sous ses divers noms, le faux Ahmed collectionne les condamnations pour vols, les interdictions de territoire et les refus de reconduite à la frontière. Mais, les deux dernières fois, il s'est fait condamner pour des agressions sexuelles: sur un m