Lyon de notre correspondant
Le raccourci est déprimant. D'après quelques militants du quartier des Minguettes, il faut remonter aux prémices de la marche des beurs, partie des Minguettes au début des années 80, pour retrouver une telle mobilisation. Plusieurs dizaines de jeunes adultes prêts à s'asseoir autour d'une table pour décider ensemble des actions à mener. Mais l'époque a changé. Autour de la grande table, dans la maison de quartier, on ne parle plus d'égalité, mais du sort de Mourad Benchellali (20 ans) et de Nizar Sassi (22 ans), deux garçons du quartier soupçonnés d'être partis se battre en Afghanistan, aux côtés du régime taliban. Ils sont aujourd'hui détenus par les Américains, et un comité de soutien s'est créé pour aider les familles, faire revenir les prisonniers, et restaurer un peu l'image du quartier et celle de la mosquée. Pas une fille dans la salle. Autre signe de l'époque.
Comprendre. Le premier soir, les pères sont venus. Puis celui de Mourad s'est envolé mardi pour La Mecque, avec un groupe de fidèles, son épouse et l'une de leurs filles. Celui de Nizar est épuisé, perdu. Ses fils prennent la relève. Ils s'investissent dans le comité, participent aux réunions qui remplissent la maison de quartier d'une soixantaine de jeunes adultes. Ils rendent visite à la Croix-Rouge, épluchent la presse à la recherche d'informations. Un autre mem bre du comité passe en revue les sites Internet, et a réussi à trouver, sur un site à la gloire des «mujahideens», la prem