Le gouvernement s'est fait avoir. Acculé par la droite à légiférer sur l'arrêt Perruche, il pensait avoir résolu la quadrature du cercle: on calmait l'émoi de l'opinion l'enfant ne pourrait plus réclamer réparation du fait de son handicap , on respectait le droit des victimes et celui à l'avortement, on garantissait aux parents d'obtenir réparation des charges liées à l'infirmité si une faute médicale «caractérisée» avait privé la mère de la possibilité d'avorter. Le gouvernement pensait avoir réussi le miracle de rallier le Sénat et l'Assemblée à cette position.
Dans la soirée de jeudi, huit parlementaires, dont six médecins ou pharmaciens, ont ruiné cet équilibre. Le handicap congénital de l'enfant sera exclusivement pris en charge par «la solidarité nationale». Et pas par les assurances des praticiens, qui n'auront à réparer que le «préjudice moral», bien moins onéreux, des parents. «J'ai jamais vu un sac de conneries pareilles. Ils ont érigé un régime d'irresponsabilité médicale», ne décolère pas un responsable gouvernemental. «C'est une loi anticonstitutionnelle qui viole le principe selon lequel quiconque est victime peut obtenir réparation de l'ensemble de son préjudice. A partir du moment où la loi sur l'IVG reconnaît le droit à une femme d'avorter si son enfant est atteint d'un handicap grave, quand une faute médicale l'en empêche, elle subit bien un préjudice qui dure tout au long de la vie de l'enfant», estime Claude Evin (PS). Il n'y a pas que le droit, il y a