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Libération
Reportage

A l'école de la guerre civile

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publié le 12 février 2002 à 22h12

Saint-Astier (Dordogne) envoyé spécial

Les «moblos», comme s'appellent entre eux les gendarmes mobiles, n'ont jamais oublié la rue Monge, haut-lieu des barricades de mai 1968. Ils l'ont posée comme une relique dans leur ville imaginaire dédiée au maintien de l'ordre au sein du Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier en Dordogne. Des murs gris y bordent la rue du Quartier latin. Elle débouche sur une artère plus vaste où les maisons sont figurées par des façades fantomatiques. C'est un peu «Moblo Park» avec des graffitis rupestres laissés par les anciens ­ onze mille stagiaires par an ­ à Saint-Astier. Une main a recopié cinq figurines de Playmobil casqués comme des gendarmes avec cette inscription: «Playmobil, en avant la bagarre.»

Pneus incendiés. On dirait un décor de série B, un peu fané, un peu vieilli, par la fumée des cocktails Molotov et des pneus incendiés. Avec autour les collines boisées du Périgord. Quelques enseignes commerciales ont été peintes: «Renault Périgueux», «Crédit agricole», «Bijouterie Orfèvre». En face, c'est «le cinéma». Derrière les fenêtres sans intérieur, il y a des coursives où s'installent cet après-midi, les observateurs du premier stage de coordination des forces européennes de gendarmerie. Durant neuf jours, les carabiniers italiens, les gardes civils espagnols, les gendarmes néerlandais, portugais et français confrontent leur savoir-faire en matière de maintien de l'ordre. C'est, selon ses organisat