La grogne ne faiblit pas dans les armées. Même si, depuis la semaine dernière et jusqu'à vendredi, elle s'exprime à huis clos au cours des différents Conseils de la fonction militaire (CFM), les instances de «concertation» propres à chacune des armées.
Mercredi 6 février, dans un amphi de l'Ecole militaire (Paris), le ministre de la Défense, Alain Richard, a vivement tiqué en écoutant l'intervention introduisant le CFM de l'armée de terre. Lu par un major et avalisé par la haute hiérarchie, ce texte n'y va pas de main morte: «Les armées sont déconsidérées depuis trop longtemps par les gouvernements», a déploré ce militaire de carrière, ajoutant que «l'armée de terre souffre de l'indifférence voire du mépris dans lequel le pouvoir politique la tient». «Mépris», le mot est resté en travers de la gorge du ministre qui n'a pas manqué de le relever sèchement. «Il y a visiblement un accès de fièvre chez les militaires», reconnaît-on dans son entourage (lire aussi page 13).
Le mouvement des gendarmes, en décembre, a ouvert les vannes de la contestation et les militaires réclament aujourd'hui une amélioration de leur sort, comparable à celle obtenue par les pandores. La contestation gagne même les forces spéciales et les parachutistes. A Orléans et à Toulouse, des épouses protestent au nom de leurs maris, encore tenus au devoir de réserve.
«Tout le monde nous réclame beaucoup, explique-t-on au ministère de la Défense. C'est clairement irréalisable à court terme.» Au centre des revendic