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Libération

«J'ai un regret, ne pas avoir tué mon père»

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L'accusé a réagi au témoignage à la barre de l'ex-policier.
publié le 13 février 2002 à 22h14

Toulouse envoyée spéciale

Roland Alègre, 55 ans, retraité de la police, porte beau en complet gris foncé et écharpe vert bouteille, au procès de son fils aîné, Patrice, 33 ans, mal rasé, en tenue négligée, pétri de haine à son égard. A la barre de la cour d'assises de Toulouse, mardi, l'ancien CRS redresse la tête, pour restaurer son image lacérée. Posément, l'homme explique son «impuissance» face aux fugues et à la «marginalité» de l'adolescent qui s'est «dérouté du droit chemin». «C'est vrai que nous n'étions pas un couple très normal, mais j'ai lu pas mal de choses injustifiées, que j'étais un ivrogne, pas du tout, que je battais mes enfants, pas du tout.» Marié «par nécessité» à Michelle, père à 21 ans, absent de la maison, en missions CRS, Roland Alègre se présente en «père normal» qui a «essayé de faire quelque chose» de Patrice. «J'y suis pas arrivé. Où s'arrête l'éducation et où commence la violence? Je sais pas», s'interroge l'ex-brigadier qui fait la loi tout seul à son voleur de fils, indemnise les victimes de ses larcins, et lui épargne la sanction d'un tribunal. Par esprit de corps, les collègues «font plus attention quand un enfant de policier se retrouve impliqué dans une affaire, j'ai pensé que ce ne serait qu'un accident de parcours. Avec le recul, je n'aurais pas dû laisser faire».

22 long rifle. Quand le voilà en poste fixe au commissariat de Toulouse en 1983, Patrice a déjà 15 ans: «C'est à cet âge-là que j'ai perdu la maîtrise de la situation.» Il occulte