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Libération

Une résistante a traversé la vie

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Geneviève de Gaulle-Anthonioz est décédée hier soir à Paris.
publié le 15 février 2002 à 22h16
(mis à jour le 15 février 2002 à 22h16)

Geneviève de Gaulle-Anthonioz, fille de Xavier de Gaulle, frère du Général, résistante, déportée à Ravensbrück et ancienne présidente du mouvement ATD Quart-Monde, est décédée hier à Paris des suites d'une longue maladie, à l'âge de 81 ans.

C'était en octobre 1999, à Paris, lors de l'inauguration de l'exposition «L'Enfance de l'art au sommet de l'Etat», en hommage à Bernard Anthonioz, son mari. Geneviève de Gaulle-Anthonioz était fatiguée par la réception. Un peu à l'écart, dans un coin du couvent des Cordeliers, entre les formes de Braque, les couleurs de Picasso, le tourment de Chagall, Giacometti, Balthus, Tinguely et Matisse, sa fille lui avait installé une chaise. Assise, prévenante, Geneviève recevait là quelques civilités. Des personnalités, des inconnus, des amis, des proches. Chacun se penchait vers elle avec précaution et émotion. Un sourire, une main qui s'attarde entre les siennes, un baiser. Dans son dos, presque à en toucher le socle, un nu de femme. Une somptueuse statue de Maillol. Entre deux compliments, Madame de Gaulle-Anthonioz remarque le modèle, sa grâce de pierre, ses formes épanouies. Un instant, elle fait mine de réfléchir, puis lisse son tailleur avec soin, feignant de comprendre brusquement la raison de l'empressement qui l'assaille. Alors elle reprend sa place bien droite, les cheveux tirés, souriant derrière ses lunettes et dit en soupirant un peu «et je croyais que c'est moi qu'ils venaient voir».

Cristal et acier. Il y avait du cristal dans son a