Cela devait bien arriver un jour. Pierre Maurin, ancien policier de la Brigade financière, détaché auprès de la COB (Commission des opérations de Bourse) entre 1993 et 1998, dort depuis deux semaines à la Santé (Libération du 7 février). Mis en examen pour subornation de témoin par les juges Isabelle Prévost-Desprez et Valérie Salmeron, l'ex-commandant Maurin est présumé innocent, mais son incarcération a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le microcosme financier.
L'un de ses dénonciateurs s'appelle Ricardo Zavala, un sacré loustic. D'origine américaine, Zavala est le prototype du «cochon truffier», toujours à l'affût du bon coup de Bourse. Sa méthode: écumer les restaurants, à l'écoute des conversations, téléphoner aux copains, experts en propagation de rumeurs. «C'est un trader errant, souligne un proche, à une époque, son bureau tenait dans un sac en plastique», jeté négligemment à l'arrière de la Bentley. «Il est "inappréhendable" pour des esprits cartésiens. C'est un financier de grand talent, avec tout ce que cela peut sous-entendre.» Il est ici question de ligne jaune, à franchir ou pas.
Vieilles ficelles. Zavala a déjà été poursuivi pour délit d'initié, dans l'affaire Pechiney. En 1993, il a été blanchi par la cour d'appel, au motif que personne n'a pu déterminer d'où venait son tuyau. «La COB a perçu sa relaxe comme une offense, souligne son avocat, Olivier Schnerb. Elle a dû revoir ses méthodes de travail: l'examen informatique des transactions suspectes ne suff