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Libération

«Vous n'allez pas dévoiler toute votre vie ici!»

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publié le 18 février 2002 à 22h18

Tribunal correctionnel de Nanterre

Le président est malicieux. Il s'amuse devant quatre agents de sécurité qui ont volé des ordinateurs dans la société qu'ils surveillaient. A Stéphane qui dit avoir été menacé pour se taire mais chez qui ont été retrouvés deux appareils, il lance: «En gros, il y avait carotte et bâton!» Face à Gabriel, chef du groupe des vigiles, qui raconte tout ignorer des vols («ce soir-là, je dormais»), il est narquois: «Ça vous arrive souvent de dormir quand vous êtes de service? Vous servez à quoi?» Et il fronce les yeux en écoutant Laurent raconter que la nuit, dans les locaux qu'ils gardaient, les agents ivres fumaient des pétards, faisaient venir des filles et montaient des coups, des vols. «Je résume, dit-il, parfois vous dormez, parfois vous buvez, parfois vous faites venir des prostituées, parfois vous volez! C'est intéressant les agents de sécurité!» Le procureur réclame pour tous des peines «assez élevées pour les empêcher de poursuivre dans un métier dont ils ne sont pas dignes». L'avocate de Stéphane se dresse: «Il est homosexuel et, dans ce milieu de gros bras, était le souffre-douleur. Il s'est opposé au vol. Ses charmants collègues lui ont pointé un couteau sur la gorge et l'ont obligé à garder les ordinateurs pour le mouiller!» Elle virevolte: «Le procureur n'a-t-il pas vu qu'il avait prévenu la police et qu'il a fait tomber le réseau?» Six à dix mois avec sursis pour tous, sauf pour Stéphane, «dispensé de peines en raison de circonstances