Le 28 janvier, Libération annonçait la création d'un Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement dans l'enseignement supérieur (Clasches). Au courrier de l'après-midi arrivait, sans mention d'expéditeur, une plainte pour harcèlement sexuel, déposée un mois plus tôt au tribunal de grande instance de Paris. Elle visait Hervé Le Bras, démographe de renommée internationale, directeur d'études dans l'une des institutions universitaires françaises les plus réputées, l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales). Comme à l'école, c'étaient les travaux pratiques après l'exposé général: «Les situations de harcèlement sont souvent le fait d'hommes qui jouissent de positions confortables, et parfois même intellectuellement et idéologiquement irréprochables», nous avait expliqué le collectif. Le 2 février, le quotidien le Monde relatait l'affaire, accablante pour le démographe. Le 8, après un entretien mouvementé avec une équipe de TF1, Hervé Le Bras, victime d'un infarctus, était hospitalisé.
Elle «ravissante», lui «séducteur»
L'auteure de la plainte, Sandrine Bertaux, 33 ans, étudiante, semblait connue jusqu'alors du petit cercle des démographes européens comme «l'ombre de Le Bras», «sa pasionaria». En 1995, Hervé Le Bras, un ami du père de Sandrine, professeur à l'EHESS, accepte de la prendre en DEA, après deux échecs à l'agrégation. Tous pensaient, à tort, qu'elle était sa maîtresse, parce qu'elle est «ravissante», qu'il est «séducteur». Depuis six ans, Sandrine Bertaux était étroitement associée aux