Les Bretons auraient quelques raisons d'en vouloir à l'Etat. Non seulement les pouvoirs publics ont échoué à restaurer la qualité de l'eau dans leur région en dépit de sept plans engagés depuis 1993, mais c'est à eux, consommateurs d'eau, ainsi qu'à tous les contribuables qu'ils ont fait payer le coût de ces programmes, et non aux agriculteurs ni à la filière agroalimentaire bretons, qui sont pourtant les responsables de cette situation. Or l'addition est salée : 310 millions d'euros ont été engagés pour la période 1993-2000, et sauf infléchissement de la politique suivie, la note pourrait atteindre 1,1 milliard en 2006.
Accablant. A quelques semaines d'éché ances électorales, le rapport de la Cour des comptes rendu public hier (1) est accablant pour l'Etat. Le résultat de sa politique est «médiocre, voire catastrophique», commente Bernard Ménasseyre, président de la septième chambre de la Cour des comptes, auteur de cet audit. «La description de l'état des eaux brutes bretonnes conduit à un sentiment de catastrophe. Et cette situation n'a aucun caractère de nouveauté. Elle est ancienne. Elle a été découverte dès 1993.» Cette année-là, la pollution continue de l'eau par les nitrates depuis les années 1970 atteint un point critique. Responsables : les épandages trop abondants de déjections animales sur les cultures (à 58 %) et l'abus de fertilisants chimiques (à 42 %). Alors que la norme maximale de nitrates dans l'eau est fixée depuis 1990 à 50 mg/l, «les valeurs moyennes des