Ce matin tôt, Kilani se rendra à la mosquée de La Courneuve avec les siens. Ils auront mis des habits neufs, achetés pour l'occasion. Plus tard, ils se retrouveront à huit familles dans un grand pavillon de banlieue. Les hommes feront le sacrifice du mouton acheté par les cousins et cousines, puis ils partageront la viande avec les voisins et les amis.
Aujourd'hui, comme Kilani, près de cinq millions de musulmans s'apprêtent, en France, à célébrer l'Aïd el-Kébir. Une cérémonie religieuse qui ne se résume pas à la religion. Une sorte de Noël musulman, l'affirmation identitaire en plus. «Je ne vais pas à la mosquée. Le côté religieux, nous, on ne l'a pas. C'est plus une fête familiale», raconte Nébia, qui se souvient des «défilés à la maison» à Toulouse autour du «patriarche». L'Aïd est l'occasion de grands rassemblements et de longues retrouvailles. «Ma mère dit qu'au moins, comme ça, elle a tous ses enfants avec elle», ajoute cette jeune femme issue d'une fratrie de huit. Ahmed, un sexagénaire installé à Laval loin de ses enfants et petits-enfants établis à Paris, est sûr de les retrouver ainsi chaque année. «Tout le monde y est habitué. Et comme moi, ils continuent à fêter l'Aïd el-Kébir comme nous le faisions au Maroc», raconte-t-il.
Au téléphone. Lors de ce rendez-vous, on se rapproche de sa famille, celle d'ici et celle de là-bas. Chez Nébia, le jour de l'Aïd, le téléphone sonne sans arrêt. «On appelle l'Algérie. On pense à tout le monde, là-bas, et surtout aux plus pauvre