Menu
Libération

La Somme craint le retour de l'eau.

Article réservé aux abonnés
La pluie et les marées font redouter de nouvelles inondations.
publié le 25 février 2002 à 22h23

Amiens envoyé spécial

Samedi, il pleut sur la Somme. De gros nuages sombres crèvent en giboulées glacées sur la pente douce d'un verger. A travers les ramures des arbres, on aperçoit le gris de l'eau qui vient lécher l'herbe d'un vert cru. Fernand Tranchant habite ici, à l'orée des hortillonnages, à moins d'un kilomètre du centre d'Amiens (Somme). Le vent des averses ramène parfois les bruits sourds de la ville. Depuis vingt-cinq ans, le retraité de la SNCF choie sa parcelle de terre et d'eau au sein de cette étendue de 300 hectares que se partagent 1 300 propriétaires. Il est également vice-président de SOS Hortillonnages, l'une des associations qui oeuvrent pour la sauvegarde de cet endroit rare, fait d'îlots potagers, entrecoupés par cinquante kilomètres de rieux, ces canaux à dimensions variables qu'alimente la Somme toute proche. On s'y déplace en barques à cornet sur des voies d'eau qui se nomment «rieu du Marais à cailloux», «rieu de la Fossette», «rieu d'Orange», «rieu de la Cauchiette».

La Somme a toujours monté, délavé les terres dans les hortillonnages. Mais jamais autant ­ de mémoire de vivant ­ que l'année dernière. Fernand Tranchant a vu venir l'eau le 11 mars 2001. Elle a gravi le verger sur 50 mètres de profondeur, y est restée jusqu'à la fin du mois de mai. Avant de retrouver son niveau normal au mois de juin. Fernand a greffé un pommier, là, où elle a arrêté sa course. L'inondation a épargné le pied d'orchidée militaire. Mais pas les arbres fruitiers. Les jeu