Dans son principe, la politique de la ville fait l'unanimité: personne ne conteste la nécessité de réhabiliter des quartiers longtemps livrés à eux-mêmes. Il est également admis que les habitants de ces quartiers ont besoin d'aides spécifiques pour accéder à l'emploi ou pour améliorer les résultats scolaires des écoliers. Mais cette politique de la ville inaugurée il y a vingt ans par un gouvernement socialiste souffre d'une absence quasi totale d'évaluation dénoncée par la Cour des comptes dans un rapport sévère publié hier.
Dans les quartiers concernés par les opérations de renouvellement urbain, dans les Zones d'éducation prioritaires, dans les zones urbaines sensibles, il n'existe quasiment pas d'instruments de mesure pour vérifier l'impact des actions entreprises. On ne sait pas si le taux de chômage a baissé, si le niveau des enfants est en progrès, si l'amélioration de l'habitat et du cadre de vie ont eu un impact réel sur la mixité sociale. Les objectifs de la politique de la ville sont «insuffisamment précis», note le rapport, et ce flou rend difficile la mise en place de systèmes d'évaluation. La politique de la ville ressemble à un millefeuille, avec un empilement de dispositifs et de zonages rendant peu lisibles les choix stratégiques en faveur des quartiers défavorisés (4,5 millions d'habitants).
La Cour va jusqu'à dire que la multiplication des domaines concernés par la politique de la ville (urbanisme, emploi, éducation, sécurité, économie, culture) nuit à la li