Menu
Libération

Un village à la fortune trop explosive

Article réservé aux abonnés
Encerclé par trois usines Seveso, Mardyck vit désormais dans l'angoisse.
publié le 26 février 2002 à 22h24

Mardyck envoyée spéciale

Mardyck est un village invisible. La signalisation l'ignore. Sur la route qui mène aux usines pétrochimiques, à la raffinerie et au terminal gazier, des peupliers à gauche, une voie ferrée à droite. Et puis, d'un coup, après un tournant et une pente douce, le voilà. Un mirage. Avec son église, sa mairie, son café et sa petite école, Mardyck a l'air d'un village de campagne. Sauf qu'il est encerclé par trois usines cumulant tous les risques: incendie, explosion, nuage toxique. Classées Seveso, ces usines comptent parmi les plus dangereuses de France. «Le village gaulois», disent les habitants de la région. Mardyck était là avant Jules César, deux millénaires avant TotalFina, Copenor, Stocknor. Pourtant, dans cet univers de cuves gigantesques, de torchères menaçantes et de tuyaux enchevêtrés, c'est désormais lui qui semble avoir été posé par erreur.

C'était, à l'ouest de Dunkerque, un bourg de maraîchers et de pêcheurs. Jusqu'à ce qu'en 1959, arrivent les premières installations. Dans le village, le bruit des usines remplace le bruit de la mer. Les gens ne s'en émeuvent pas. Elles représentent l'emploi et la richesse. «C'était le progrès, on n'avait pas peur», raconte un vieil homme. Chaque été, 7 000 personnes se baignent tous les jours au pied de la digue du Braek, cinq kilomètres de plage coincée entre les usines et la mer. «Strictement interdite au public», indiquent des panneaux menaçants. Mais noire de monde dès les premières chaleurs. Plus de 1 00