Eva Joly tire sa révérence. La juge d'instruction parisienne spécialisée dans les affaires financières, qui faisait trembler les patrons et les politiques, va prochainement être nommée conseillère du gouvernement de Norvège, son pays d'origine (1), en matière de lutte anticorruption. Son départ était dans l'air depuis un bon moment, mais elle l'a ouvertement fait savoir hier. Ne manque plus que le feu vert du Conseil supérieur de la magistrature, qui statuera sur sa demande de mise en disponibilité le 20 mars. Son alter ego, Laurence Vichnievsky, avait pris les devants en étant promue à la paisible présidence du tribunal de Chartres. Fin d'une époque.
Réveil. Son passage au pôle financier, où elle était affectée depuis dix ans, s'achève sur un bilan mitigé. Si Eva Joly, en compagnie de quelques autres, a sonné le réveil des juges, n'hésitant plus à poursuivre les puissants, bien peu de dossiers sous sa charge ont été menés à terme. Sa première affaire, les Ciments français, qui lui avait valu un début de renommée avec la mise en examen de quelques célébrités de la finance comme André Lévy-Lang, PDG de Paribas, Nicholas Clive-Worms, PDG du groupe Worms, ou Claude Pierre-Brossolette, ex-président du Crédit Lyonnais , a récemment abouti à une relaxe quasi générale. Un désastre pour l'accusation.
Son autre grande affaire, Elf, à laquelle elle a consacré beaucoup de son énergie, parfois au détriment d'autres dossiers, vient d'être subitement rouverte (Libération du 27 février).