Le juge grenoblois Francis Carle, 49 ans, aime photographier des jeunes filles et femmes en petite tenue, notamment dans l'enceinte du palais de justice où il siège. Et il ne comprend pas en quoi ce penchant d'esthète pourrait être répréhensible. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ne partage pas son point de vue. Hier, l'instance disciplinaire de la profession a ordonné son déplacement d'office. La chancellerie lui cherche une destination à un poste équivalent et fera une proposition, le 20 mars, aux membres du CSM. S'ils sont d'accord, le magistrat n'aura plus qu'à faire ses valises. Même si son avocat, Me Florent Girault, annonce son intention d'introduire un recours devant le Conseil d'Etat. Ce recours n'est pas suspensif. Selon la chancellerie, il n'est pas non plus recevable: pour les magistrats du siège, la loi organique stipule que le CSM statue en dernier ressort.
Aux poings. Le CSM considère que Francis Carle «a manqué aux devoirs de l'état de magistrat» et «porté atteinte au crédit de l'institution judiciaire». D'une part, en recrutant des modèles dans le cadre de sa profession: certaines jeunes filles, parfois mineures, ont été ses stagiaires au palais de justice. D'autre part, en utilisant la salle d'audience comme décor, «de manière habituelle, les samedis et dimanches». La passion du magistrat a éclaté au grand jour le 13 octobre: le père d'une jeune modèle vient de découvrir une série de clichés de sa fille et a décidé de régler l'affaire aux poings.