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Libération

La double peine et la peur au ventre

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Jamel Abidi, menacé d'expulsion, craint pour sa vie en Algérie.
publié le 2 mars 2002 à 22h28

Marseille de notre correspondant

Jamel Abidi est un homme «fatigué», «j'aimerais que ça se termine, dit-il, j'en peux plus, ça fait cinquante mois que ça dure, j'ai envie de rentrer chez moi». Il parle dans une sorte de cagibi, au tribunal de grande instance de Marseille, où siège la magistrate chargée de prolonger la rétention administrative. On ne s'entend guère; en pleine audience, le téléphone sonne deux fois, la greffière répond, l'avocat doit s'interrompre. L'ordinaire de la justice des étrangers.

Pleurs. L'ambiance est triste. Il y a trois places pour le public. La famille est debout, angoissée. Jamel dit: «J'ai mille choses à dire...» Puis il ne dit rien. La famille pleure. Son avocat, Me Louis Bartolomeï, tente de faire valoir des nullités de procédure. La juge les rejette. Elle explique qu'elle pourrait éventuellement le libérer, l'assigner à résidence. Mais, pour cela, il faudrait un passeport. Jamel n'en a pas. C'est bête. Il dit: «Jusqu'au 19 février 1999, je circulais avec une carte d'identité française. Depuis, j'ai un problème...»

Son cas illustre jusqu'à l'absurde la politique appliquée par la France à l'encontre de ces citoyens étrangers frappés d'une double peine, c'est-à-dire condamnés par les tribunaux pénaux, puis expulsés parce qu'ils n'ont pas la nationalité française. «Il est né en France, il a toujours vécu en France, sa femme est française, ses enfants sont français, il a fait une demande d'asile politique, son frère a été assassiné en Algérie, il cra