Laveur de vitres, surendetté, sans casier judiciaire. Au tribunal correctionnel de Bobigny, un prévenu se fait tirer le portrait en peu de mots. Konguié Quandio, solide Ivoirien de 49 ans, acquiesce à tout. On lui reproche d'avoir laissé dépérir Igor, son berger allemand, dans le jardin de son pavillon de Bondy. Poursuivi pour «cruauté envers un animal domestique», il a passé huit jours en détention provisoire à Fleury-Mérogis.
Pas d'avocat. «C'est tout à l'honneur de la France de se doter d'un arsenal pour protéger nos amis les bêtes, mais tout de même. On l'a collé en prison sans jugement motivé, sans l'écouter, sans lui fournir un avocat!», s'emporte Me Michel Konitz qui le défendait hier. «Lors de cette première audience, le chien, lui, était déjà représenté par un avocat de la SPA. Il avait été examiné par un vétérinaire», poursuit-il.
Coma. C'est le 7 février, que la machine judiciaire se met en marche avec quelques ratés pour Konguié Quandio. Depuis plusieurs jours, sa nièce fille adoptive à la mode africaine se trouve dans le coma à l'hôpital, à la suite d'une césarienne. «J'allais de l'hôpital à la maison, puis au travail», dit Konguié Quandio.
Pendant ce temps, Igor, atteint d'une myélopathie dégénérative, agonise dans le jardin. Une voisine s'en émeut, appelle la SPA qui prévient la police municipale qui alerte la police nationale. Igor se retrouve aux mains d'un vétérinaire et assez vite euthanasié, tandis que son maître passe de la garde à vue au tribunal.