Même quand on travaille, louer un logement décent devient une gageure, souligne la fondation Abbé-Pierre dans son rapport annuel publié hier. Le document pointe l'apparition de nouvelles formes de logement dans les grandes agglomérations pourvoyeuses d'emplois précaires (intérim, CDD, temps partiels contraints). Ainsi l'hôtellerie bon marché (type F1), les hôtels meublés, les squats, les taudis, les chambres de bonne sont devenus des logements de substitution pour ces salariés pauvres, obligés de se loger près de leur lieu de travail en raison de leurs horaires, incompatibles avec ceux des transports en commun.
Million de dossiers. Le rapport consacre un long développement à ces «soutiers de la ville», employés dans l'hôtellerie-restauration, le nettoyage ou la sécurité. La ville- centre de l'agglomération, riche et où sont concentrés ces emplois, ne leur consent pas des logements à la portée de leurs revenus. Les HLM, en nombre insuffisant, ne permettent pas de satisfaire les besoins. Selon la fondation, un million de dossiers de demande de logements sociaux seraient en attente.
Apparaît en outre une nouvelle forme d'habitat plus précaire encore : le camping à l'année. Il s'agit là d'un phénomène «difficile à quantifier», mais le rapport note qu'«un tiers des campings» ont une clientèle d'exclus du logement et que certains «se spécialisent dans cette fonction». Ce type d'habitat a été décelé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Languedoc-Roussillon, mais aussi en Bretagne